Storytelling, Narration… Théories linguistiques de la communication – F. de Saussure, G. Genette, D. Boje……

Le schéma général

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Approche culturelle et approche cognitive de la narration (C. Marti, thèse 2005)

Les principaux concepts

Dans les organisations la vision narrative de la communication concerne à la fois la production de récits (comportements, représentations, contextes…), l’analyse textuelle des récits (mots, verbes, structures..) et l’utilisation de ces histoires racontées dans le transfert des connaissances (indexation et partage des connaissances).

En mettant ici la priorité sur l’analyse du langage dans la communication on s’oppose aux théories qui mettent en avant soit Le canal de transmission, soit Le contexte structurel, soit Le feedback dans la communication.

Note : toutes les auteurs cités dans cette page sont en référence dans la thèse de C. Marti, 2005.

1. Le langage et la structure de la langue

Les théories structuralistes en linguistique étudient la langue (indépendamment de la parole) comme un ensemble de signes, structurés dans leur enchainement: en séparant le signifiant et le signifié (F. de Saussure), en séparant le contenu événementiel et la composition (V. Propp), en séparant la temporalité, les points de vue et l’implication du narrateur (G. Genette), en séparant les fonctions et les rôles (A. Greimas) ou en séparant les fonctions et les séquences (C. Bremond). Voir une présentation de ces références dans la thèse de C. Marti (2005).

Aujourd’hui les théories structuralistes de la linguistique sont à la base des logiciels d’analyse textuelle d’inspiration lexicale: voir Fallery et Rodhain (2007) sur les fondements théoriques des différents outils d’analyse qualitative de documents.

2. Le langage et l‘énonciation, dans les actes de langage

Pour les théories de l’énonciation, un texte est aussi un acte de parole, entre des individus et dans un contexte: parce qu’il s’agit de re-produire la réalité (E. Benveniste), parce que les actes de langage sont aussi performatifs (« Dire, c’est faire », J. Austin,  voir Slakta 1974) et parce que «l‘Homo narrans » suit une rationalité narrative entre cohérence et exactitude (W. Fisher).

La narratologie (G. Genette) inscrit ainsi le récit dans son univers spatial et temporel, en distinguant l’auteur, le narrateur et le personnage de l’histoire (voir la revue Les cahiers de narratologie). Voir ces références dans la thèse de C. Marti (2005).

Aujourd’hui les théories de l’énonciation sont à la base des logiciels d’analyse textuelle d’inspiration linguistique: voir Fallery et Rodhain (2007) sur le choix d’un outil d’analyse textuelle, voir A. Seignour (2011) sur les méthodes d’analyse des discours, et voir de multiples références sur l’ADT, Analyse de données textuelles, sur le site des journées JADT.

3. Le langage et les conversations, dans les interactions

Pour les théories psycho-sociales de la conversation, c’est dans l’interaction que se définissent les propositions narratives et la « racontabilité » (W. Labov), la proximité et l’intérêt de l’auditoire (L. Polanyi), les compétences et comportements narratifs (J. Bruner) ou les « grammaires sociales » d’une conversation (B. Pentland). Voir ces références dans la thèse de C. Marti (2005).

Dans la théorie des actes de langage (voir Fernando Flores 2012), il faut par exemple distinguer les conversations pour l’action (affaires courantes) et les conversations pour des possibilités, voir le site Conversation for Action et voir es Les théories sociales de la communication.

Dans la théorie conversation/texte (voir James Taylor 1993 et « l’École de Montréal »), l’organisation devient une réalité par son émergence dans la conversation: (1) la conversation est analysée comme un ensemble de transactions, permettant le tissage des relations, l’échange de valeurs et la constitution des identités; (2) l’organisation émerge de la dynamique issue de la rencontre entre conversations et textes.  Voir l’analyse de J.L. Bouillon, 2009.

Dans les situations de gestion, Jacques Girin (2001) montre le rôle du langage pour comprendre de quoi relèvent les échanges. Les échanges ne prennent en effet leur sens qu’à l’intérieur de différents «cadrages»: en termes techniques, relationnels, d’autorité, d’éthique et de rapports sociaux. Un cadre adéquat est nécessaire pour comprendre ce qui se dit, comprendre ce qui se fait et comprendre ce qui se passe (est-ce un ordre ou bien une suggestion? est-ce une insulte ou bien un compliment? Il y  a coconstruction nécessaire d’un cadre de la communication, qui devient le mode de lecture de la « situation de gestion ». Voir J. Girin  (1990) et voir F. Aggeri (2017) : Retour sur deux concepts clés de l’œuvre de Jacques Girin.

4. Le storytelling dans les organisations

Dans les organisations on s’intéresse surtout à la finalité des narrations et on parle alors souvent de storytelling (voir cette vidéo en anglais de D. Boje):

  • une approche purement fonctionnaliste cherche à étudier la performance des narrations, pour améliorer le leadership des managers ou dirigeants: voir le texte critique de C. Salmon (2006) sur le storytelling;
  • une approche culturelle des narrations est liée à la culture organisationnelle : les histoires racontées sont utilisées pour créer et diffuser la culture de l’organisation et pour orienter les comportements, voir La Culture d’entreprise. T. Boudès (2003) comme N. Giroux et L. Marroquin (2005) distinguent alors une « perspective critique” (qui analyse les relations Narration/Pouvoir, voir P. Bourdieu 1982) et une « perspective postmoderne” (qui cherche à valoriser la polyphonie et la multiplicité des significations);
  • enfin dans une approche cognitive, les histoires racontées sont liées au management des connaissances (voir Fallery et Marti, 2007): elles jouent le rôle de « glu cognitive », elles permettent de créer du sens, de partager des expériences, de résoudre des problèmes : voir E. Soulier (2000), E. Soulier (2005), et voir le rôle des histoires partagées dans Le partage de connaissances.

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    Voir les autres théories utilisées dans le développement des SI

    Voir la carte générale des théories en management des S.I.

RÉFÉRENCES

Pierre Bourdieu (1982), Ce que parler veut dire, Fiche de lecture Université Montpellier 3.

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Fernando Flores (2012), Conversations For Action and Collected Essays: Instilling a Culture of Commitment in Working Relationships

 lien introduction et lien préface

Jacques Girin (2001), La théorie des organisations et la question du langage. Document de travail CRG-Polytechnique.

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J. Girin (1990), Problèmes du langage dans les organisations, in J-F Chanlat L’individu dans l’organisation

Books.Google

James Taylor (1993), La dynamique de changement organisationnel – Une théorie conversation/texte de la communication et ses implications. Communication & Organisation 3.

le lien

C. Marti (2005), L’apport des méthodes narratives à la gestion des connaissances, Thèse Université de Montpellier

Thèse Pdf

D. Slakta (1974), Essai pour Austin, Langue française, Vol 21 N° 21

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F. Aggeri (2017), Le Libellio d’AEGIS Vol. 13. Situation de gestion et agencement organisationne, retour sur deux concepts clés de l’œuvre de Jacques Girin

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E. Soulier (2000), Les récits d’apprentissage et le partage des connaissances dans l’organisation, Systèmes d’information et Management, vol. 5, n°2

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E. Soulier (2005). Le système de gestion des connaissances pour soutenir le storytelling dans l’entreprise. Revue française de gestion, no 159,(6)

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A. Seignour (2011) Méthode d’analyse des discours, Revue française de gestion n° 211.

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C. Salmon (2006), Une machine à fabriquer des histoires, Le Monde diplomatique Nov. 2006.

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T. Boudès (2003), La construction narrative de la stratégie, de l’entrepreneuriat et du management de projet, Conférence AIMS.

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J-L Bouillon (2009). Comprendre l’organisation par la communication… sans réduire l’organisation à la communication. Congrès de l’ACFAS, Ottawa, 2009.

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N. Giroux et L. Marroquin (2005), L’approche narrative des organisations, Revue française de gestion, 2005/6 no 159.

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Fallery B., Marti C. (2007), Le storytelling, un outil de gestion de connaissances, Systèmes d’Information et Management, n°4, vol 11

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Fallery B., Rodhain F. (2007), Le choix d’un outil pour l’analyse qualitative de documents : les approches lexicale, linguistique, cognitive et thématique. Conférence AIMS.

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On trouve de multiples références sur l’analyse de données textuelles sur le site très complet des JADT, Journées d’analyse des données textuelles :

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et cette théorie sur le site IS Theories

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