ANT, Théorie de l’Acteur-réseau: sociologie de la traduction – M. Akrich, M. Callon, B. Latour

Les schémas

Controverse

La trajectoire du réseau à travers les controverses (Missonier 2008)

tableauLes moments du développement d’une innovation (Walsh et Renaud 2010)

Définition des principaux concepts

Pour la théorie de l’Acteur-réseau, le succès ou l’échec d’un projet innovant ne dépend pas des caractéristiques intrinsèques d’une innovation mais d’un réseau capable de lier ensemble des « actants » hétérogènes. Les onze chapitres de l’ouvrage « Sociologie de la traduction, textes fondateurs » (Akrich, Callon, Latour 2006) sont aujourd’hui en ligne.

1. L’innovation dans (et par) un Acteur-réseau: les « Actants » et les traductions successives

Destinée au départ à l’étude de l’innovation dans les réseaux scientifiques (voir Callon et Ferrary, 2006), la Sociologie de la traduction est aussi appelée ANT Actor-Network Theory (voir Akrich, Callon et Latour, 1988, 2006), car :

  • elle remplace la soi-disant pureté des  » faits » et innovations scientifiques par la réalité de traductions successives entre différents registres en présence (comme par exemple dans le cas de la voiture électrique  : traductions entre les logiques techniques, sociales, économiques et organisationnelles, voir Callon 1979);

  • elle remplace la soi-disant pureté de l’organisation par la réalité de réseaux hétérogènes produits par des « actants » : des actants humains, mais aussi des actants non-humains (la technologie, les lieux, les dispositifs…), voir La sociomatérialité. Un réseau technico-économique est lui-même un actant, quand il devient un tourbillon créateur dans lequel « la mayonnaise de l’innovation » peut prendre corps (comme dans le cas « fondateur et historique » de la domestication des coquilles St Jacques et des marins-pêcheurs, voir Callon 1986) ou ne pas prendre corps (comme par exemple dans le cas du photo-voltaïque, voir Akrich, Callon et Latour, 2006). Voir cette vidéo de présentation de l’innovation en réseau, qui met notamment l’accent sur le rôle des objets-frontières dans la construction d’une innovation:

2. Le tourbillon de l’innovation, la mobilisation des Actants à travers les controverses

L’innovation n’apparaît pas ici comme une diffusion linéaire (comme dans l’analyse de E. Rogers avec la Théorie de la diffusion), mais comme le résultat complexe d’une interaction entre des partenaires hétérogènes. Il s’agit alors d’identifier les jeux de mobilisation des actants qui participent à l’élaboration de l’innovation. Le réseau, lui-même considéré comme un acteur-actant, est un dispositif d’intéressement :

  • dans un premier temps (la problématisation et les alliances), il s’agit de prendre en compte, dès le début d’un projet, l’ensemble des actants concernés par le projet. Les entités humaines (directions, utilisateurs, prestataires techniques, spécialistes…) comme les entités non-humaines, (objets, outils, dispositifs…), tous participent conjointement à la construction de l’innovation (voir Rorive 2003, voir Barbier et Trépos 2007);

  • dans un deuxième temps (l’intéressement et l’enrôlement), il s’agit d’identifier les acteurs appelés à jouer le rôle clé de porte-paroles, c’est-à-dire capables de « traduire » les différents intérêts en présence d’un registre à l’autre (logique technologique vers logique de métier, par exemple) : voir Hussenot (2006) sur les « boucles d’intéressement », voir Walsh et Renaud (2010) sur le « changement traduit » (voir dans Conduite du changement);

  • dans un troisième temps (la mobilisation), le réseau se consolide ou s’affaiblit en fonction des épreuves de force qui s’engagent. Il s’agit alors de les identifier, à travers les différentes controverses qui marquent le réseau (voir Baillette et al. 2012). La controverse est ici décrite comme un mode d’expression des groupes concernés : expression de leurs intérêts et de leurs identités, mise à plat des problèmes posés et des solutions envisageables, reformulation des objectifs. Les controverses (et les compromis) sont alors des repères pour identifier la dynamique du réseau et l’évolution de sa convergence ou de sa divergence : voir la thèse de S. Missonier en 2008 ou sa publication dans Meier et al. en 2012.

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    Enfin dans le cadre de l’innovation en réseau, voir aussi  les théories de la Vision organisante, de l’Open innovation, du Lead-user et de L’improvisation organisationnelle.

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    Voir les autres théories utilisées dans le développement des SI

    Voir la carte générale des théories en management des S.I.

RÉFÉRENCES

M. Callon, M. Ferrary (2006), Les réseaux sociaux à l’aune de la théorie de l’acteur-réseau, Sociologies Pratiques n° 13

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M. Callon. (1979), L’État face à l’innovation technique : le cas du véhicule électrique, Revue française de science politique n°3

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M. Callon (1986), Éléments pour une sociologie de la traduction, la domestication des coquilles St Jacques et des marins-pêcheurs dans la baie de St Brieuc, L’année sociologique n°36

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M. Akrich, M. Callon, B.Latour (1988) A quoi tient le succès des innovations ? L’art de l’intéressement et le choix des porte-parole. Gérer et Comprendre n°11

M. Akrich, M. Callon, B.Latour (2006), Sociologie de la traduction, textes fondateurs. Presses des Mines.

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R. Barbier, J-Y Trépos (2007), Humains et non-humains : un bilan d’étape de la sociologie des collectifs, Revue d’anthropologie des connaissances Vol. 1, n° 1

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A. Hussenot (2006), Démarche empirique d’identification des trajectoires d’appropriation des solutions TIC : le cas Noteplus, Conférence AIMS

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B. Rorive (2003), e-projets : la conduite du changement par la traduction, Editions ANACT

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S. Missonier (2008), Comprendre pour aider, analyse réticulaire de projets de mise en œuvre d’une technologie de l’information, Thèse Université de Nice

These.Pdf

O. Meier, A. Missonier, S. Missonier (2012), Analyse des systèmes d’interactions à l’oeuvre au sein d’un projet TI.  Systèmes d’Information et Management vol 17 n°1

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I. Walsh, A. Renaud (2010), La théorie de la traduction revisitée ou la conduite du changement traduit. Application à un cas de fusion-acquisition nécessitant un changement de Système d’Information, Management & Avenir, vol 9 n° 39

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P. Baillette, B. Fallery, N. Rahali, (2012), Les systèmes de traçabilité dans la filière vitivinicole : quelle opportunité pour les coopératives?, RIPME Revue Internationale P.M.E., Vol 25, n° 1

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Voir sur le site IS Theory de nombreuses références en SI et de nombreux liens sur l’ANT

Actor-Network Theory